Conséquences Covid-19: Les réparateurs de ventilateurs plus heureux que les vendeurs

La commercialisation de ventilateurs est un vrai gagne pain pour un bon nombre de ménages au Sénégal. Avec l’été et la forte chaleur, ce matériel électroménager est plus qu’une nécessité. Malheureusement avec la précarité liée à la Covid-19, les vendeurs ne trouvent pas leur compte. Les réparateurs eux se frottent les mains.

Un après midi à Dakar, avec la canicule, le marché Dior des Parcelles Assainies est plein à craquer. Nous empruntons une ruelle qui mène directement chez les vendeurs de ventilateurs et nous tombons sur Bathie Ndiaye.

Avec une forte corpulence, tournevis à la main, accoudé sur son comptoir, l’homme marchande avec des clients. Interrogé sur son activité, il est réticent à répondre, mais finit par lâcher quelques mots : «Nous vivons des moments difficiles avec la pandémie. Avant nous vendions plusieurs appareils, mais aujourd’hui même pour écouler 5 ventilateurs, il faut patienter plusieurs jours».

A quelques encablures de là, devant une boutique d’appareils électroménagers, peu de clients sont présents. À l’entrée, des accessoires et des ventilateurs sont exposés. Un «beau» décor attire l’attention de plus d’un. Le gérant est en train de dépoussiérer les bagages. Il se tourne vers nous, en se montrant très accueillant. Torchon à la main, mine joviale, masque au cou, Oumar a fait savoir que le job marche à pas de caméléon.

«C’est difficile de s’en sortir. Avant la pandémie, je parvenais à vendre plus d’une dizaine de ventilos dans la journée, parfois même 20. Il n’y avait pas de limite. Mais avec le Coronavirus, c’est très compliqué», se désole ce vendeur qui précise que les clients se font rares.

Dans cette boutique, on trouve plusieurs types de ventilateurs et les prix varient entre 10.000 FCFA et 30.000 FCFA. «La marque la plus achetée reste Evernal. Ensuite il y a Global Air et TNT», souligne notre interlocuteur.

Si les commerçants se plaignent, d’autres se réjouissent et se frottent les mains. Il s’agit des réparateurs de ventilateurs. En cette période de précarité liée à la pandémie, ils se frottent les mains.

Un tour au marché municipal de l’Unité 17 des Parcelles Assainies permet de constater que la réparation est rentable. Assis à même le sol, une hélice entre les pieds, Babacar, la cinquantaine, peint les pièces des ventilateurs et examine les autres outils. Selon lui, tout va bien. «J’ai du mal à gérer les commandes. C’est les gamins qui me prêtent main-forte. Je répare plus de 12 appareils par jour».

Sur le même alignement, Abdou Ndiaye partage l’avis de son collègue. «Les clients préfèrent réparer plutôt qu’acheter du neuf. Les temps sont durs, nous achetons les 2e mains et nous les revendons rapidement. Certains changent les moteurs pour un coût de 5000f». Ils gagnent beaucoup ces derniers temps, que ça soit à l’exposition ou à la réparation.

Pour ces réparateurs de ventilateurs, seule l’interdiction de vente le dimanche, à cause de la pandémie, pose problème. Mais chaque jour ils reçoivent les clients. Ousmane, jeune technicien s’explique : «nous ne ressentons pas la maladie pour dire vrai. Nos activités marchent, même avant d’exposer, nous vendons. Cela se comprend, nous vendons moins chers».

Il ajoute : «Avec la chaleur, se procurer un ventilateur est plus qu’une nécessité; et comme les gens n’ont pas assez d’argent, ils ont recours à nos services, plutôt que de se créer des dépenses supplémentaires».

Adjia Fatou LÔ