MATAM : LES PRODUCTEURS PLAIDENT POUR LA MISE EN PLACE DE MESURES D’URGENCE

SUP DE CO

La mise en valeur de la vallée du fleuve Sénégal et le développement de l'agriculture irriguée sont, depuis une trentaine d'années, une priorité constante des pouvoirs publics sénégalais. L’AFD a été sollicitée pour intervenir dans le département de Matam afin de contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et au développement économique du territoire. Avec un financement total de 22,5 M€, le projet Amélioration de la sécurité alimentaire et de la mise en marché des produits agricoles dans la région de Matam (ASAMM) finance la réhabilitation et la création d’infrastructures hydroagricoles par la SAED sur 1 200 ha, étendus à 2 100 ha dans le cadre de deux nouveaux financements à hauteur de 52 M€. Sur le même modèle qu’AIDEP, le projet ASAMM utilise ces investissements dans des infrastructures collectives pour appuyer les Communes, techniquement et financièrement, dans la mise en place de politiques et d’outils de dynamisation économique du territoire. La maîtrise d’ouvrage est assurée par la Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du delta du fleuve Sénégal (SAED). Le casier d'Ouro Thierno, en image, fait 250 hectares. Les pistes d'accès et de production ainsi que les aménagements hydroagricoles ont été financés par le projet ASAMM. Région de Matam. 15 décembre 2017.

Les producteurs de riz de la région de Matam invitent le gouvernement à mettre en place des plans d’urgence a effets immédiats pour panser leurs plaies. Voilà près de cinq années que les rendements sont faibles. Ils veulent beaucoup plus d’aménagements et exigent la réparation de la station de pompage a l’arrêt depuis trois ans.

Les producteurs de riz de la région de Matam sont dans un désarroi total ; ils n’arrivent plus à faire une bonne campagne agricole du fait du manque d’aménagements dans la vallée du fleuve. Dans la partie nord de la région communément appelée Daande Maayo, les difficultés tournent autour du manque de moyens matériels.

Pour Hamidou Demba Sall Président des producteurs de Kawral Bossea Nguenar, « le monde rural a ressenti plein de problèmes liés à l’effet du coronavirus qui a envahi le pays. D’habitude à cette période de l’année, les producteurs faisaient le tri pour l’exportation du riz mais jusque-là il n’en est encore absolument rien.

En plus, l’Etat doit mettre en place des vivres de soudures pour parer à toutes éventualités car plusieurs familles vont vivre des difficultés dans les semaines à venir ; il faut des mesures urgentes avec effets immédiats pour sauver le monde rural ». Du coup, les producteurs invitent le gouvernement à mettre en place des mesures d’urgence pour appuyer le secteur du monde rural.

Toujours dans le même registre, les producteurs pensent qu’il serait judicieux pour eux de faire la culture de la contre saison chaude après la saison des pluies. Une campagne qui leur permettrait en cas de faibles rendements lors de la précédente, de faire plus de bénéfices pour pouvoir rembourser leurs dettes au niveau des banques. « Avec les difficultés que nous rencontrons, nous souhaitons que le gouvernement allège nos crédits dans les banques et autres structures financières pour que les producteurs puissent souffler un peu » ajoute Monsieur Sall.

Autres difficultés que rencontrent les producteurs de la vallée, les pannes au niveau des motopompes dont ils demandent la réparation. Ces infrastructures avaient été mises en place par le programme PUDC pour permettre aux paysans de renforcer leurs productions. Seulement elles sont tombées en panne depuis bientôt trois ans et attendent d’être réparées.

C’est le cas au niveau du projet Union Matam, qui concerne plus de trente-deux villages et des GIE de la région de Matam. Un projet qui est resté plus de quatre années sans fonctionner ; un arrêt d’exploitation qui est dû à une panne de la machine de pompage; en plus les câbles de l’alimentation de l’engin ont été volés.

Une situation qui a fini de sortir les producteurs de leurs gonds, pensant même que l’autosuffisance en riz tant voulue par l’Etat ne peut se réaliser avec ces nombreux manquements. Et Hamidou Demba Sall d’interpeler le Ministre de l’agriculture qui doit penser « à réparer la station de pompage pour permettre une bonne irrigation, augmenter les aménagements et rehausser le niveau d’eau pour faciliter davantage le pompage. Cette situation permettra aux producteurs d’exploiter la contre saison chaude, bien sûr en accélérant les casiers hydro agricoles situés dans la région de Matam ».

La région de Matam est censée être une zone agricole où des milliers d’hectares dorment en souffrance. Une situation qui poussent les producteurs à demander au gouvernement de viabiliser ces terres avec des aménagements de qualité pour enfin assurer l’autosuffisance en riz.

Depuis bientôt cinq ans certains producteurs se sont lancés dans la culture du maïs irrigué car ils n’arrivent plus à faire de bons rendements dans la campagne rizicole. Et tout en espérant des lendemains meilleurs, ils croisent les bras et vivent leur mal en patience.

AMADOU ISSA KANE

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