La chronique du dimanche de BKD: Le vrai danger est dans nos cœurs : quand la haine devient normale, le Sénégal est en péril
Ces derniers jours, le Sénégal a retenu son souffle. À l’annonce du « Téra Meeting » du président de PASTEF, Ousmane Sonko, une autre partie du pays, regroupée autour du collectif « Niakhtou National », a voulu programmé, le même week-end, un rassemblement en signe de contrepoids.
Depuis, les mots ont fusé, les tensions se sont accentuées, les invectives se sont multipliées, sur les réseaux sociaux, dans les médias, sur les places publiques.
Et le pays tout entier s’est retrouvé suspendu à une corde devenue de plus en plus fragile.
Ce climat doit nous alerter. Le danger n’est pas dans les meetings, il est dans les cœurs. Car lentement, presque sans qu’on s’en rende compte, une fracture s’installe entre les Sénégalais.
Et cette « animosité » ne se limite plus au terrain politique : on la retrouve dans les maisons, dans les quartiers, dans les rues, dans les lieux de grands rassemblements, dans les grand-places, dans les lieux de travail, dans les garages, dans l’administration… partout.
Si cela ne fait peur à personne, c’est justement là que réside le danger.
Combien peuvent aujourd’hui témoigner qu’ils ne parlent plus avec un frère, une mère, un ami, un collègue, simplement parce qu’ils ne partagent pas les mêmes choix politiques ?
Combien de familles se sont divisées, de relations brisées, de sourires effacés au nom d’un débat politique devenu source de méfiance ?
On entend désormais dire : « Tu es contre mon leader, donc tu es contre le peuple. » Ou encore : « Vous pensez que le Sénégal vous appartient. »
Ces phrases, prononcées des deux côtés, sont autant de blessures que nous nous infligeons nous-mêmes. Ce sont des paroles qui fissurent le vivre-ensemble, qui creusent le fossé entre nous, et qui donnent l’illusion qu’il existe deux Sénégal : celui des uns et celui des autres.
Mais il n’y a qu’un seul Sénégal, un et indivisible, tissé par la même histoire, le même sang, la même foi en un destin commun.
La politique devrait être un espace d’idées, pas une arme de séparation. Elle devrait nourrir le débat, pas la haine. Et si aujourd’hui le dialogue se transforme en affrontement, c’est à nous tous, citoyens, d’en prendre conscience avant qu’il ne soit trop tard.
Le président de la République, garant de l’unité nationale, doit mesurer la gravité de cette dérive. Il est le président de tous les Sénégalais, sans distinction de parti, d’opinion ou d’origine.
C’est à lui de retisser les liens, d’apaiser les rancunes, et de rappeler que la République n’a pas de camp.
Le Sénégal a déjà traversé des épreuves, mais il s’en est toujours relevé grâce à une valeur simple : la fraternité. Aujourd’hui encore, il est temps de se souvenir que nous sommes d’abord des frères, avant d’être des partisans. Que les débats passent, mais que la paix demeure.
Parce qu’au fond, la plus belle victoire politique sera toujours celle d’un peuple uni.
Boubacar Kambel Dieng
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