(Diplomatie / Télécom) – Élection Conseil UIT, Doha 2026 : Ce que m’a confié une icône du numérique sénégalais
J’ai reçu beaucoup de retours encourageants après la publication, hier, de ma contribution sur la candidature du Sénégal au Conseil de l’UIT, en vue de l’échéance de 2026 à Doha, au Qatar. Mais un retour m’a particulièrement marqué.
Il vient d’un homme respecté, une vraie figure du secteur numérique sénégalais. Un vétéran, introduit dans toutes les arcanes de l’UIT, cette grande maison des télécoms mondiale. Il a occupé de hautes fonctions dans l’administration sénégalaise dans le domaine du numérique, mais a préféré garder l’anonymat.
Il avait promis de m’appeler hier, après lecture. Finalement, c’est ce matin, à l’aube, que son nom a clignoté sur mon téléphone.
Il voulait me féliciter. Mais surtout, m’apporter quelques clés que seuls l’expérience et le vécu permettent d’offrir.
« Kambel (BKD) » me dit-il, « le vrai travail pour une élection comme celle-ci, ça commence toujours bien avant. C’est maintenant que ça se joue, pas en 2026 ».
Et là, il déroule.
« Le premier acte, c’est une note claire adressée au président de la République. Pas juste pour l’informer que le Sénégal est candidat, mais pour qu’il comprenne les enjeux techniques, diplomatiques, et surtout géopolitiques.
Son rôle ? Donner l’impulsion. Mettre la pression. Sur deux ministères au premier chef : le Numérique et les Affaires étrangères. »
Ensuite, la machine diplomatique s’emballe.
« Une triple campagne est lancée par les Affaires étrangères », explique-t-il.
« D’abord, des courriers à toutes nos ambassades. Ensuite, des lettres à leurs homologues dans tous les pays membres de l’UIT. Et enfin, un message clair aux ambassades accréditées à Dakar. Objectif : obtenir des votes, un par un. »
Le ministère des Télécoms, lui, mène sa propre campagne, « double » cette fois : écriture directe aux ministres du secteur des autres pays, ou, quand ce n’est pas possible, en passant par les ambassades du Sénégal. Toujours avec l’appui du ministère des Affaires étrangères.
Et l’ARTP ?
Elle entre aussi dans la danse. Elle contacte ses sœurs régulatrices à travers le monde, plaidant la cause sénégalaise avec méthode et conviction.
Mais ce n’est pas tout.
« Les nombreux experts sénégalais qui siègent à l’UIT ou dans d’autres instances influentes mènent aussi campagne. Discrète mais efficace. Ils parlent à leurs collègues étrangers, ceux avec qui ils travaillent dans les comités techniques, dans les groupes d’étude. Cette diplomatie-là, c’est celle de l’expertise. Et elle compte. »
Puis il me livre une confidence : « Souvent, bien avant le jour du vote, on sait déjà qui va voter pour nous. Il y a des protocoles d’accord, des engagements bilatéraux, signés entre ministères des Affaires étrangères. Ces documents sont précieux : ils orientent toute la stratégie des derniers jours. »
Car oui, les derniers jours sont une bataille à part. Ceux des indécis. Des flottants. Des votes qui peuvent basculer. C’est là qu’il faut être présent, stratégique, convaincant.
Et pour finir, il m’éclaire sur la déclaration officielle de candidature. « Elle ne se fait que lorsque la période est ouverte. Et toujours via les canaux formels : le ministre du Numérique saisit son homologue des Affaires étrangères, qui, à son tour, dépose le dossier à l’UIT. C’est lui, en réalité, qui porte notre voix. »
Ce matin, j’ai raccroché avec une seule certitude : la route vers Doha 2026 ne passe pas seulement par la technique, mais surtout par la diplomatie, l’anticipation, la rigueur et la mobilisation de tous les acteurs.
Le compte à rebours a déjà commencé.
Boubacar Kambel DIENG
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