Le Paradoxe des Fêtes et de la Cherté de la Vie au Sénégal…Par Kabir PENE

Au Sénégal, un phénomène intrigant se dessine autour des fêtes. Plutôt que d’offrir des moments de repos et de détente, les fêtes sont devenues des périodes de travail intense, de dépenses excessives et de pression sociale. Ce paradoxe illustre des priorités culturelles et économiques qui méritent une réflexion approfondie.

Une Hiérarchie des Priorités Perturbée

Traditionnellement, les jours de fête sont censés être des moments de repos, permettant aux individus de se ressourcer après une période de travail. Cependant, au Sénégal, ces périodes de fête se transforment souvent en marathons d’activités et de préparatifs. Les gens se donnent corps et âme pour organiser des célébrations somptueuses, souvent au prix d’un stress considérable et de sacrifices financiers. Il est paradoxal que les jours de travail offrent plus de repos comparativement aux jours de fête.

Cette dynamique reflète une hiérarchie des priorités qui semble surréaliste. Les efforts démesurés pour les fêtes sont en contraste avec l’énergie et les ressources allouées aux jours de travail ordinaires. Il serait plus logique que l’accent soit mis sur les activités quotidiennes qui assurent une vie digne et stable. Le véritable enjeu devrait être de valoriser et d’améliorer la qualité du travail effectué du lundi au vendredi, car c’est de ce travail que dépend la subsistance et la dignité des individus.

La Cherté de la Vie et la Réflexion sur les Revenus

Le débat sur la vie chère au Sénégal est souvent biaisé par une focalisation sur les coûts plutôt que sur les revenus. Il est utopique de vouloir des biens et services de qualité supérieure à des prix dérisoires. Diminuer les coûts de manière artificielle entraîne une baisse du pouvoir d’achat des producteurs, créant un cercle vicieux d’appauvrissement.

Pour réellement s’attaquer au problème de la vie chère, il est crucial de se concentrer sur l’augmentation des revenus. Il faut repenser notre modèle économique en encourageant le travail acharné et en assurant une redistribution équitable des richesses. Le gouvernement doit jouer un rôle central en favorisant un environnement où le travail est bien rémunéré et où la production est valorisée.

Encourager le Travail et la Redistribution Équitable

La clé du développement du Sénégal réside dans la valorisation du travail. Plutôt que de cultiver une mentalité d’assistanat, il est essentiel de promouvoir une culture de l’effort et de la récompense. Le gouvernement, les entreprises et les communautés doivent collaborer pour créer des opportunités de travail décent et bien rémunéré. Une économie dynamique où les producteurs et les travailleurs voient leurs efforts justement récompensés est la base d’une société prospère.

Le paradoxe actuel des fêtes et des préoccupations sur la cherté de la vie est un symptôme d’une gestion des priorités qui nécessite une réforme profonde. En valorisant le travail quotidien et en assurant une redistribution équitable des richesses, le Sénégal peut surmonter ces défis et bâtir un avenir où chaque individu a les moyens de vivre dignement et de célébrer sans excès ni stress.

PENE EL KABIR
Ancien international de Basket.