Habib Béye : le club avant la sélection, pour l’amour du quotidien (Par Boubacar Kambel DIENG)
Habib Béye incarne parfaitement ce qu’on pourrait appeler un « coach de terrain ». Passionné de football dans sa forme la plus vivante, il vibre pour le travail au quotidien, la progression des joueurs, l’émulation du vestiaire et la dynamique hebdomadaire des matchs de championnat.
Ce profil est difficilement conciliable avec la fonction de sélectionneur, qui est plus stratégique que tactique, plus managériale que formatrice.
Être sélectionneur, c’est composer avec la rareté : des rassemblements brefs, des matchs espacés, et une influence limitée sur la forme des joueurs, qui évoluent dans des clubs où le sélectionneur n’a aucun contrôle.
C’est un métier qui convient davantage à ceux qui aiment prendre du recul, gérer des hommes sur un mode ponctuel, et accepter la frustration du « manque de ballon ».
À l’inverse, Habib Bèye est encore dans une phase ascendante de sa carrière, où il veut bâtir, modeler des effectifs, et laisser une empreinte visible sur le jeu de ses équipes.
Ce qu’il a fait au Red Star, en lui rendant son identité, puis ce qu’il est en train d’accomplir à Rennes, avec un maintien réussi dans un contexte difficile, montre qu’il aime les défis structurants, sur la durée.
Il a aussi une vision moderne du football, nourrie par ses années de consultant, qui lui permet de comprendre les exigences du haut niveau tout en gardant un langage de terrain.
Et surtout, comme nous le savons, il a joué près de 10 ans pour le Sénégal : il connaît la maison, mais il sait aussi qu’y revenir comme sélectionneur, ce sera un chapitre de fin de carrière, une mission d’héritage plus que de construction.
Tout cela pour dire que Béye n’est pas prêt à être sélectionneur, non pas parce qu’il n’en a pas les compétences, mais parce qu’il a encore trop d’énergie, trop de feu pour se contenter d’un rôle intermittent.
Son profil s’épanouit dans la gestion quotidienne, dans l’apprentissage mutuel avec ses joueurs.
La sélection viendra sûrement… mais en temps voulu, quand il sera prêt à troquer l’intensité du banc pour la hauteur du poste.
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