Deux Rwandais, Séraphin Twahirwa et Pierre Basabosé, reconnus coupables de «crimes de génocide» par une cour d’assises belge

Deux Rwandais, anciens proches de l’ex-couple présidentiel Habyarimana, ont été déclarés coupables de « crimes de guerre » et de « crimes de génocide » mardi soir par la cour d’assises de Bruxelles qui les jugeait pour leur participation à l’extermination des Tutsis en 1994.

Dans son verdict, rendu après une semaine de délibérations, le jury a écarté les arguments des avocats de Pierre Basabosé, 76 ans, et Séraphin Twahirwa, 66 ans, qui contestaient leur participation à ce génocide.

Les deux hommes, qui encourent la réclusion criminelle à perpétuité, seront fixés sur leur peine à l’issue de nouvelles délibérations, dans les jours à venir.

Comme le veut la loi belge, les verdicts d’assises sont rendus en deux temps, une nouvelle séquence de réquisitions et de plaidoiries de la défense étant prévue en cas de culpabilité.

Depuis 2001, il s’agit du sixième procès d’assises en Belgique lié au génocide des Tutsis perpétré au Rwanda il y a près de trente ans.

Dans ce procès ouvert début octobre, Séraphin Twahirwa était accusé d’avoir dirigé à Kigali des miliciens Interahamwe (extrémistes hutu) à l’origine de dizaines de meurtres entre avril et juillet 1994.

Il devait aussi répondre d’une douzaine de viols commis sur des femmes tutsies.

De son côté, Pierre Basabosé, ancien militaire devenu riche entrepreneur, était accusé principalement d’avoir fourni des armes aux miliciens, notamment aux hommes de Twahirwa.

Ancien membre de la garde présidentielle dans les années 1970, il était aussi l’un des actionnaires de la Radio-télévision libre des Mille collines, tristement célèbre pour avoir diffusé durant le génocide des appels à tuer des Tutsis.

Les deux accusés, arrêtés en Belgique en septembre 2020, étaient aussi réclamés par le Rwanda. Ils ont été jugés en Belgique au titre de la « compétence universelle » des tribunaux belges pour les crimes de droit international humanitaire commis à l’étranger.

Le 6 avril 1994, l’avion du président Habyarimana, un Hutu, avait été la cible d’un tir de missile au-dessus de l’aéroport de Kigali, en phase d’atterrissage.

Cet attentat, qui avait aussi coûté la vie à son homologue burundais Cyprien Ntaryamira, est considéré comme l’événement déclencheur du génocide au Rwanda, qui a fait entre avril et juillet au moins 800 000 morts selon l’ONU. Les victimes se comptent essentiellement au sein de la minorité tutsi mais aussi parmi les Hutus modérés.

Avec ledevoir.com