Chérif Mouhamed Fadel Aïdara : l’héritier bâtisseur de Rao

Né à Rao il y a 43 ans, Chérif Mouhamed Fadel Aïdara incarne une double fidélité : celle à sa lignée prophétique et celle à son père, l’érudit Chérif Mouhamed Lamine, figure respectée qui avait choisi, dès 1972, de s’installer dans cette petite localité aux portes de Saint-Louis.
Rappelé à Dieu en 2020, ce dernier a laissé un flambeau que son fils porte aujourd’hui avec assurance.

Mais Chérif Fadel n’a pas seulement hérité d’un nom. Il a su construire sa propre légitimité, dans la proximité et la chaleur humaine.
Marabout jovial et accessible, il s’impose par une spiritualité vivante, incarnée dans le quotidien : écouter, conseiller, réconforter.

C’est cette simplicité qui explique l’ampleur de son rayonnement. Ses disciples ne se limitent plus à Rao et Saint-Loui : ils se comptent dans tout Dakar, de Yoff aux Parcelles Assainies en passant pas Bargny, Diamniadio et Yarakh, mais aussi à Mbour, Fatick, Kaolack, Louga et dans la diaspora. Partout, son nom rime avec affection et respect.

Depuis 1998, il est le maître d’œuvre du grand Gamou de Rao, événement créé par son père en 1981 et devenu sous sa conduite une institution nationale. Chaque année, des foules immenses convergent vers cette petite ville.

Le Gamou n’est plus seulement un rendez-vous de ferveur religieuse : il est aussi un carrefour social et culturel. Une foire commerciale anime la cité, des consultations médicales gratuites rassemblent médecins et bénévoles, et la fête devient un espace de solidarité.
L’écho franchit les frontières : Mauritanie, Guinée, Gambie… Rao rayonne bien au-delà du Sénégal.

Héritier de la noble famille religieuse « Keur Mamine », descendant direct de Cheikhna Cheikh Saadbou Abir, Chérif Fadel reste fidèle à l’esprit d’ouverture de son défunt père, ami proche des présidents Wade et Macky Sall.
Lui-même perpétue cette tradition de dialogue avec les autorités.

La 42ᵉ édition du Gamou, prévue le 17 janvier 2026, sera placée sous le signe du renouveau. Il y convie le président Bassirou Diomaye Faye, son Premier ministre Ousmane Sonko, ainsi que le gouverneur de Saint-Louis, attendu après plusieurs années d’absence remarquée.

Mais au-delà des grands rassemblements, Chérif Fadel nourrit une ambition durable pour Rao.
Déjà à la tête d’un « daara » accueillant près de 200 pensionnaires, il rêve d’ériger une école coranique moderne, capable d’allier enseignement religieux, formation et accompagnement social.
Plusieurs « talibés » sont déjà pris en charge grâce à ses propres ressources, mais il vise plus grand : offrir à sa ville natale un centre éducatif et spirituel de référence.

Dans sa trajectoire, se lit un équilibre entre mémoire et avenir : gardien d’un héritage sacré, bâtisseur d’institutions vivantes, Chérif Mouhamed Fadel Aïdara incarne la continuité d’une tradition et l’espérance d’une nouvelle génération.

À Rao, petite ville discrète devenue phare spirituel, il trace le chemin d’une foi qui se conjugue avec solidarité et modernité.

Boubacar Kambel Dieng

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