Aly Ngouille Ndiaye : de Linguère à la Casamance, l’ascension maîtrisée d’un homme d’État

Il y a des trajectoires qui se construisent dans le bruit, et d’autres qui s’imposent par la constance ; celle d’Aly Ngouille Ndiaye appartient clairement à la seconde catégorie. Toujours mesuré, rarement dans la polémique, il apparaît surtout lorsqu’un moment essentiel exige calme, méthode et sang-froid. Ainsi, ces derniers jours, son nom s’est imposé au cœur de l’actualité nationale après la libération du Lieutenant de l’Armée sénégalaise retenu depuis avril par une faction du MFDC.

Sous la guidance du vénéré Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, il a mené une médiation discrète mais décisive, saluée publiquement par les ailes dures du MFDC/La Coalition, qui l’ont désigné comme médiateur national pour les futures négociations avec l’État.
Une première historique dans le long dossier casamançais, révélatrice de la confiance qu’il inspire jusque dans les camps les plus exigeants.

Pour comprendre ce choix, il faut revenir sur la construction méthodique d’un parcours qui ne laisse rien au hasard. Né le 16 août 1964 à Linguère, fils d’Ibra Ndiatté Ndiaye, ancien maire de la ville, il grandit dans le berceau historique du Djolof. Élève de l’école élémentaire Elhadj Birame Seck (ex-école régionale de Linguère), il poursuit des études brillantes à Diourbel puis au lycée Seydina Limamoulaye de Guédiawaye à Dakar. Brillant aux concours d’excellence et admis dans plusieurs universités internationales, « Pape Ndiaye », son surnom d’enfance, choisit finalement la prestigieuse École Polytechnique de Thiès, dont il sort major de sa promotion en 1988.
Un ingénieur chevronné qui fera ses preuves à la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS).

Cette formation rigoureuse est ensuite complétée par un diplôme de troisième cycle en finances obtenu à l’Illinois Institute of Technology de Chicago, aux États-Unis. Une étape qui affine son regard d’ingénieur devenu analyste, alliant précision technique et vision stratégique.
Plusieurs coopératives d’habitat et cités résidentielles portent son empreinte, tout comme des initiatives innovantes dans les mutuelles d’épargne et de crédit, les radios communautaires ou encore les partenariats public-privé. Aly Ngouille Ndiaye, c’est une intelligence verticale, à l’aise aussi bien dans le secteur primaire que dans l’administration et le management.

Sa carrière professionnelle débute véritablement à la BHS, où il gravit rapidement les échelons jusqu’à devenir directeur du crédit. On y découvre un gestionnaire rigoureux, un décideur prudent mais audacieux, dont les compétences lui valent d’intégrer plusieurs conseils d’administration et de présider l’ASC Dahra de Linguère.
Cette solide expérience managériale prépare son entrée en politique, où il se révèle rapidement comme un stratège minutieux.

En 2007, il lance le Mouvement pour la Renaissance du Djolof, avant de s’allier à Macky Sall en 2012 et de jouer un rôle dans son accession à la magistrature suprême. Au passage, il parvient à déstabiliser des figures politiques établies telles qu’Habib Sy, Momar Aly Ndiaye, Ndéye Fatma Niang ou encore Feu Djibo Leyti Kâ.

À partir de là, son ascension institutionnelle se poursuit de manière régulière : il devient maire de Linguère en 2012, puis occupe des postes ministériels majeurs comme Énergie, Mines et Industrie ; Intérieur ; puis Agriculture, Équipement rural et Souveraineté alimentaire.
Son passage à l’Agriculture est marqué par son sens de l’innovation : 23 000 hectares de maïs emblavés dans le cadre d’un programme spécial, la mise en place de nouveaux facteurs de croissance, l’expérimentation de la culture du blé, le développement des magasins de stockage pour les spéculations comme l’oignon ou les fruits et légumes.
À cela s’ajoute sa contribution au Compact Dakar 2, salué au niveau continental lors d’un forum coorganisé avec la Banque Africaine de Développement, où le Sénégal est cité en modèle pour sa stratégie de souveraineté alimentaire.

Mais l’homme ne se limite pas aux sphères étatiques : il est aussi un agriculteur passionné et un éleveur profondément enraciné dans sa terre natale. Sa ferme Kilim, nichée au sud-ouest de Linguère, est devenue un site de référence mêlant élevage, cultures fruitières et maraîchères, mais aussi innovations agricoles comme l’introduction réussie du petit pois sur les terres du Ferlo.
Véritable laboratoire agroécologique et lieu de formation pour étudiants et techniciens, la ferme illustre une vision durable tournée vers l’autosuffisance et le développement local.

Sur le plan social, son engagement est tout aussi constant : chaque année, il mobilise des millions de francs CFA pour tous les ordres d’enseignement.
Altruiste et visionnaire, il soutient étudiants et enseignants, renforce les actions culturelles, sportives et citoyennes, et accompagne de nombreuses initiatives communautaires. Cette générosité, largement reconnue, renforce l’image d’un homme resté proche de son terroir et des réalités quotidiennes.

Cette proximité s’exprime aussi dans sa vie personnelle : polygame assumé, il conserve l’étiquette respectée de « bon père de famille » et reste attaché aux valeurs de discrétion et de responsabilité. Ancien joueur de football, capitaine élégant des équipes Marbath et Yakaar de Linguère, il garde de cette période l’esprit collectif et la capacité à rassembler.
Fidèle en amitié, véridique et d’un commerce facile, il mène une vie sans vanité et reste un sapeur au service de l’État du Sénégal et des populations.

Enfin, sur le plan national et régional, ses récentes alertes sur la situation du Mali témoignent d’une vision de leader soucieux de stabilité et d’équilibre dans un contexte ouest-africain fragile. Last but not least, la mission que lui confient aujourd’hui les ailes dures du MFDC apparaît comme l’aboutissement logique d’un parcours fait de discipline, de loyauté, de compétence et de constance, autant d’attributs d’un homme d’État aguerri.

Président du Parti pour la Souveraineté et le Développement (PSD), Aly Ngouille Ndiaye, qui a obtenu le récépissé pour sa formation politique, demeure sans aucun doute l’un des hommes politiques les plus exemplaires et les plus respectés du pays.

À la croisée du technocrate rigoureux, du disciple fidèle, du serviteur du pays et du stratège politique mûri par l’expérience, Aly Ngouille Ndiaye continue de s’imposer, dans la double galaxie du spirituel et du temporel, sans jamais forcer la lumière, comme l’une des clés des moments décisifs du Sénégal contemporain.

Boubacar Kambel Dieng

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