Plages interdites à la baignade : repenser nos priorités de sécurité publique (Par Boubacar Kambel DIENG)

Trois collégiennes ont tragiquement perdu la vie par noyade la semaine dernière à la plage de Malibu, sur la VDN 3 à Guédiawaye.
Ce drame met crûment en lumière un problème majeur : l’absence de dispositifs de sécurité sur des plages pourtant connues pour leur dangerosité.

Malibu est interdite à la baignade à cause de courants violents, surtout avant les premières pluies. Pourtant, elle reste très fréquentée, sans aucune surveillance.
L’Association des maîtres-nageurs du Sénégal plaide depuis des années pour un dispositif de sécurité similaire à celui de la plage de la BCEAO, en vain.

À la BCEAO, la baignade est aussi déclarée dangereuse, mais la plage est aménagée et surveillée. Résultat : des maîtres-nageurs présents, et des vies sauvées.

Il faut aussi distinguer les causes d’interdiction : certaines plages, comme Malibu, sont dangereuses par nature (courants forts et violents), d’autres sont insalubres (pollution, déchets, eaux usées) et nécessitent des politiques d’assainissement rigoureuses.

Des collectivités comme la mairie de Malika montrent pourtant qu’il est possible d’agir. Malgré l’interdiction, un système de surveillance y a été mis en place.
Une preuve que la volonté politique peut faire la différence.

Mais comment un pays avec plus de 700 km de côtes peut-il encore compter autant de noyades évitables ?
Comment expliquer que des touristes viennent profiter de nos plages, alors que nos enfants y meurent par manque de formation ?

La solution est connue : intégrer l’apprentissage de la natation à l’école primaire.
Chaque élève devrait savoir nager avant le collège.
Ce n’est pas un luxe, c’est une urgence.

Des projets comme « Apprendre à nager pour sauver des vies », initiés par la Fédération sénégalaise de natation avec des soutiens comme la fondation de la princesse Charlène de Monaco ou la mairie de Dakar à l’époque de Khalifa Sall, ont déjà prouvé leur efficacité.

L’UNESCO considère d’ailleurs la natation comme une compétence essentielle : elle sauve des vies, favorise la coordination, la confiance en soi et le développement psychomoteur.

Le Sénégal doit s’engager dans cette voie, en mobilisant l’État, les collectivités et les fédérations sportives.
Que la tragédie de Malibu soit un électrochoc.

Il est temps d’agir.

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