Après Génération Foot, Mady Touré veut générer le changement à la Fédération Sénégalaise de Football (Par Boubacar Kambel DIENG)

Né en novembre 1966, Mady Touré aura bientôt 59 ans. Depuis près de quarante ans, il incarne la figure d’un bâtisseur patient et exigeant, qui a toujours cru qu’un football structuré pouvait devenir un formidable levier de transformation.
Ancien joueur professionnel passé par le FC Rouen et l’US Orléans, il découvre très tôt l’exigence et la rigueur des organisations sportives européennes.

Ce parcours forge en lui la conviction qu’au Sénégal, il faudra un jour offrir aux jeunes talents les mêmes opportunités et la même qualité d’encadrement.

En 2000, il crée Génération Foot, l’académie de Déni Biram Ndao, devenue en deux décennies l’un des plus grands viviers de joueurs d’Afrique.
Grâce au partenariat stratégique avec le FC Metz, l’académie permet à de nombreux footballeurs d’accéder au haut niveau professionnel. Sadio Mané, Ismaïla Sarr, Papiss Cissé, Diafra Sakho ou Pape Matar Sarr incarnent le succès d’un modèle qui combine formation sportive, accompagnement éducatif et discipline.

Fort de cette expérience, Mady Touré s’engage dans la gouvernance. Après avoir été candidat malheureux en 2021 lors de la dernière élection à la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football, il figure cette année encore parmi les sept candidats déclarés, déterminé à proposer un projet ambitieux et complet.

Son programme repose sur sept grands axes stratégiques, qu’il résume comme la feuille de route indispensable pour refonder le football sénégalais.

Le premier axe vise à mettre en place une gouvernance rénovée et transparente. Il prévoit la séparation claire entre les fonctions politiques et exécutives de la Fédération, la création d’un poste de Directeur Général indépendant, la mise en place d’un système d’audit interne et l’adoption d’un Code Éthique obligatoire, signé par tous les dirigeants.
Ces nouvelles règles doivent instaurer la transparence, garantir la responsabilité et prévenir les conflits d’intérêts.

Le deuxième axe accorde une priorité au développement du football amateur, considéré comme la base indispensable d’un professionnalisme solide. Il prévoit d’augmenter le budget dédié, de mieux répartir les ressources, de protéger les joueurs amateurs contre les recrutements sauvages et de créer un plan national de développement des terrains adaptés aux normes FIFA.
L’objectif est de renforcer les ligues régionales et de doter tous les clubs de moyens modernes, en décentralisant par exemple le traitement des licences grâce à des outils numériques.

Le troisième axe concerne la transformation marketing et la valorisation du produit football. Mady Touré veut structurer une stratégie de marque puissante, notamment autour des compétitions phares comme la Coupe du Sénégal et les championnats nationaux.
Son programme prévoit la création d’une plateforme digitale centralisée pour diffuser les matchs, moderniser la billetterie et diversifier les revenus (droits TV, merchandising, partenariats). Ce dispositif inclut un « pacte de visibilité et de marketing » destiné à professionnaliser la communication des clubs.

Le quatrième axe porte sur la refonte technique et la formation certifiée. Il propose la création d’un Cadre National de Formation Certifiante, afin d’harmoniser les standards techniques et d’imposer un niveau de compétence obligatoire à tous les encadrants, arbitres et formateurs.
Chaque club professionnel devra disposer d’un Directeur Technique agréé par la FSF. Des audits annuels permettront de mesurer l’efficacité des dispositifs de formation et d’accompagner la montée en compétences.

Le cinquième axe met un accent fort sur le développement du football féminin. Il s’agit de créer une ligue autonome, de lancer un championnat U18, d’augmenter le budget consacré au football des femmes et de renforcer leur représentation dans les instances dirigeantes.
Mady Touré souhaite que chaque club professionnel soit tenu de constituer une équipe féminine et qu’une Académie Fédérale Féminine voie le jour, pour faire émerger une élite compétitive.

Le sixième axe prévoit la signature d’un Accord Cadre stratégique associant la Fédération, l’État, les collectivités territoriales, la FIFA et la CAF. Cet accord doit permettre de financer la rénovation des stades, de réduire les disparités régionales et de créer des pôles d’excellence sportifs et médicaux.
Il ambitionne de garantir un accès équitable aux équipements sur l’ensemble du territoire et d’assurer la sécurité et la modernité des infrastructures.

Enfin, le septième axe fait du football un levier social et solidaire. Mady Touré veut mettre en place une Fondation Sociale du Football Sénégalais (FS2), qui accompagnera les anciens internationaux dans leur reconversion, organisera des campagnes de solidarité et soutiendra des projets éducatifs et culturels.
Ce dispositif inclura un système de mentorat et un fonds dédié à la santé et au bien-être des joueurs et des anciens footballeurs.

À travers cette vision globale, Mady Touré ambitionne de rendre au football sénégalais sa force collective, sa crédibilité et sa capacité à inspirer les jeunes générations.
À l’approche de ses 59 ans, il reste fidèle à ses principes : la méthode, le sérieux et l’inclusion comme moteurs d’un développement durable.

Son retour dans la course à la présidence de la Fédération s’inscrit dans la continuité d’un parcours marqué par la volonté de conjuguer performance sportive et progrès social.

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